Parler aux autres
Avec qui parler ?
Dans cette vie principalement campagnarde, je rencontrais surtout les paysans, les travailleurs manuels en extérieur, les inactifs, chômeurs ou retraités qui passent leur temps à la terrasse des cafés, les enfants qui jouent dans la rue après l’école, les commerçants qui vous hèlent au passage, les restaurateurs ou les patrons d’hôtel.
Peu d’ouvriers ou d’employés de bureau : ils étaient à leur travail durant mes heures de marche. Peu de riches ou de gens cultivés : l’élite d’un pays ne flâne pas sur le bord des routes, les pieds dans la boue.
Des gens ordinaires donc, plutôt vers le bas de l’échelle sociale.
Dans quelle langue ?
avec le pompiste d’une station-service
en Thrace, à 200 km d’Istanbul.
Sans compagnon pour partager les joies, les peines ou tout simplement la vie quotidienne, parler aux gens de rencontre devenait vital. C’était cela ou ne parler à personne. Je maîtrisais français, anglais, allemand et italien. Mais cela ne suffisait pas car beaucoup ne parlent qu’une seule langue : la leur. Alors, j’en appris en route plusieurs. Très sommairement comme pour le hongrois, le bulgare ou l’arabe, ou de manière plus approfondie pour le roumain et le turc. Dans ces deux dernières langues, je pouvais, au moment de quitter le pays, tenir cette conversation d’une petite heure qui revenait toujours sur les mêmes sujets : mon voyage, ses raisons, la vie pratique, la profession, la famille, les enfants etc.
Je n’ai pas appris ces langues de façon académique ; je commettais beaucoup de fautes. Mon vocabulaire ne couvrait que les domaines proches de mon expérience. La rapidité de l’apprentissage m’imposait de me moquer de la grammaire et de ses règles. Cela n’avait aucune importance car le seul fait d’engager une conversation me faisait chaud au coeur, me rassurait et faisait souvent plaisir à des gens qui appréciaient mes efforts.
On prétend que beaucoup de Roumains et de Libanais parlent français. À la capitale sûrement, en ville sans doute, chez ceux qui ont bénéficié d’une éducation supérieure ou universitaire peut-être. Mais guère au bord des routes ou le long des chemins de campagne que j’ai arpentés où seule la langue nationale prévaut.
Ce site recense beaucoup d’informations factuelles sur le voyage, mais l’essentiel est ailleurs : Pourquoi partir ? Comment affronter la solitude et, de sédentaire, devenir un passant ? Que se passe-t-il dans la tête d’un marcheur sur un périple aussi long, quelles leçons en tirer ? Retrouvez tous ces thèmes dans le récit du voyage :
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