Les routes de l’Europe du Nord
Les Annales Stadenses sont la description, sous forme de dialogue entre deux jeunes gens, Tirri et Firri, qui se plaisent à traiter divers sujets, des itinéraires que pouvaient parcourir les pèlerins de l’Europe du Nord pour se rendre en pèlerinage à Rome, et de là à Jérusalem. Considérées comme le guide le plus détaillé du XIIIe siècle en langue germanique, leur rédaction remonte probablement aux années entre 1240 et 1256.
Elles portent le nom de la ville de départ, Stade (Stadium), sur l’estuaire de l’Elbe, et se composent de trois itinéraires qui traversent la Germanie selon trois axes. Le plus occidental part de Brême, traverse le Rhin près de Duisburg pour rejoindre Reims. De là, il suit un tracé à l’ouest de celui de Sigeric, et descend au sud jusqu’à Lyon, pour se diriger vers l’Italie, où il pénètre au col du Mont-Cenis. Puis il suit le val de Suse jusqu’à Turin, Mortara et Plaisance, pour prendre ensuite l’itinéraire classique du mont Bardone jusqu’à Rome.
Le deuxième axe coïncide avec le premier jusqu’à Duisburg, où il suit pratiquement le cours du Rhin jusqu’à Baie après avoir traversé la Suisse de Baie à Lausanne, il entre en Italie par le Grand Saint-Bernard, suivant jusqu’à Rome l’itinéraire de Sigericus.
Le troisième axe, le plus oriental, va de Stade au Brenner par Gotha, Augsbourg, Innsbruck. Cet itinéraire qui permet de ne franchir qu’un seul col d’altitude (le Brenner) était pratiqué depuis la préhistoire pour rejoindre la péninsule italienne à partir des contrées du nord de l’Europe. Le Brenner franchi, il se sépare en deux directions : la septentrionale traverse Bolzano, Trente, Padoue et Bologne, pour rejoindre ensuite l’itinéraire principal vers Rome, depuis le XIIIe siècle et jusqu’à nos jours, celui de Bologne, Florence, Sienne, Bolsena, Rome. Le rameau oriental atteint Venise par Trévise, pour rejoindre la Romea des Slaves, à savoir Venise, Rovigo, Ravenne, Forli, Arezzo, Orvieto, Bolsena, Rome.
Il convient de noter que l’importance prise par Bologne à la suite de la « capture » par Florence de la Francigena lombarde, suggère au rédacteur des Annales la possibilité de suivre à partir de Fidenza la via Emilia jusqu’à Bologne ou Forli, pour prendre ensuite soit la Bologne-Florence-Sienne-Rome, soit la Romea des Slaves. La première est indiquée comme étant préférable. En effet, Florence, par une opération soigneuse d’installation de mansiones (gîtes d’étape), réussit à déplacer vers ses possessions orientales le tracé Luni-Lucques-Sienne, déterminant ainsi la fortune de Bologne, laquelle offrait par ailleurs l’avantage d’être une ville universitaire et le lieu de très importantes dévotions.
d’après F. & G. Lanzi, Les pèlerinages romains, Bayard Editions–Centurion, 1999
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