Indications barométriques
Avis aux navigateurs du XXIème siècle : les observations ci-dessous ont un caractère historique et doivent être considérées avec précaution avant tout usage pratique, même s’il est possible que les caractéristiques naturelles dans cette région du monde n’aient que peu varié au cours des derniers siècles.
« Lorsqu’on désire être fixé sur la valeur des renseignements que le baromètre peut fournir au cap Horn, on se trouve dans la plus grande perplexité qui se puisse imaginer.
Un grand nombre de capitaines, ayant doublé plusieurs fois le cap, certifient que l’on ne doit pas se fier au baromètre dans ces parages, et citent tels exemples où des mouvements du niveau du mercure se sont produits sans changement de temps, et inversement.
Quelques autres prétendent le contraire, avec une grande persistance, et pensent que leurs contradicteurs ne savent pas interpréter les indications de leurs instruments, et que, s’il est vrai que certaines exceptions peuvent être signalées, elles n’infirment en rien la règle générale, etc.
Il est facile de se rendre compte, de ce conflit d’opinions en parcourant las pages 280 à 298 des Instructions de Maury (traduction de M. Vaneechout). On y voit des citations de fragments de rapports et de journaux de bord qui ne laissent aucun doute sur le peu d’entent des navigateurs à cet égard.
Après avoir cité treize opinions contradictoires de marins éclairés, Maury résume la sienne comme il suit :
« Les indications du baromètre sont peu utiles au cap Horn. Le niveau barométrique s’élève et retombe de plusieurs pouces en quelques heures ; parfois il monte au plus fort d’un coup de vent, tandis que d’autres fois il baisse ou demeure stationnaire. Sa hauteur moyenne au Sud de la latitude du cap Horn est de 737mm.
Eu approchant des côtes de la Terre de Feu et de la Patagonie dans le Pacifique, les vents étant à l’Ouest, le baromètre monte ; si la brise est fraîche, il s’élèvera au-dessus de 762mm et même souvent, sous la terre, au-dessus de 774. »
Après avoir donné ces témoignages, qui tendent presque tous à enlever la confiance que l’on pourrait avoir dans l’emploi du baromètre au cap Horn, nous devons reproduire un résumé de la lettre que le commandant Bayley écrivait à Maury en 1854. Ainsi qu’on va le voir, il résulte de ces observations qu’en ne faisant pas usage du baromètre dans ces parages on négligerait de son plein gré une source précieuse d’informations.
« En été (c’est-à-dire en décembre, janvier et février), les vents d’Est sont rares et de peu de durée lorsqu’ils soufflent ; nous n’en avons pas eu. Les vents du Nord et de N.O. sont habituellement accompagnés d’un temps couvert et pluvieux, ou de brume. Peu après qu’ils se sont établis, le mercure commence à baisser et continue tant qu’ils restent de la partie du Nord ; après quoi il y a généralement un intervalle de 2 ou 3 heures de calme et de petites brises variables ; puis le vent passe au Sud ou S.O. à grains, le brouillard se change en grêle et neige fondue, et le S.O. se charge de nuages de la forme dite cumulus.
« Alors le mercure commence à monter, et monte tant que le vent reste de la partie du Sud. Ainsi, un baromètre bas (724 millimètres par exemple) montera avec un vent du Sud, et un baromètre haut (759 millimètres par exemple) baissera avec un vent du Nord.
Le 10 janvier, par 57° 40’ S. et 8l° 30’ O., nous avions vers 4 heures du matin des vents de la partie du N.O., avec lesquels nous courions, toutes voiles dessus, la bordée de l’Ouest tribord amures ; le baromètre était graduellement tombé à 724 millimètres, lorsque la brise mollit et hala le Sud. A peine avions-nous établi la voilure sur l’autre bord que la brise fraîchit avec assez de rapidité pour nous obliger à laisser porter, sans avoir le temps de songer à prendre des ris ; heureusement, nous avions fait assez d’Ouest pour ne pas craindre la terre. Sous nos voiles d’étai, nous filâmes d’abord 15 nœuds, puis 14 nœuds. Le baromètre commença à monter peu après que le coup de vent se fut déclaré, et atteignit, 758 millimètres en 32 heures ; il retomba ensuite lorsque le vent passa an N.O.
« J’ai doublé trois fois le cap Horn, et chaque lois une observation attentive de ces phénomènes me les a montrés tels que je vous les dépeins ; aussi suis-je tellement convaincu de la vérité do ce que j’avance que je conseillerais aux navires (après avoir passé par le détroit de Lemaire, ce qui n’offre aucun danger et fait gagner au moins 1° dans l’Ouest), lorsque le vent sera du Nord et que le baromètre baissera, de compter sur ce vent tant que le baromètre continuera à baisser ; lorsqu’il aura atteint un minimum inférieur à 735 millimètres et que le calme viendra, ils pourront de même compter sur les vents du Sud, et, s’il est possible, se mettre d’avance en position d’en profiter. »
Nous terminerons ces extraits en renvoyant au tableau des moyennes barométriques mensuelles au cap Horn, tableau dont l’importance est capitale, en ce qu’il montre combien le niveau est bas en général (le niveau moyen est de 743 mm pour toute l’année). Il n’y a pas lieu par conséquent de s’effrayer des hauteurs telles que celles de 715 et 720 mm, qui sont fréquentes et qui, dans d’autres parages, annonceraient de grands mauvais temps. »
Paul Cave - Patagonie. Détroit de Magellan et canaux latéraux. Cap Horn et Terre de Feu - 1879
Températures
Le thermomètre monte avec les vents d’Est, de N.E. et de Nord ; avec les vents de N.O., il cesse de monter et commence à descendre ; il baisse avec les vents d’Ouest, de S.O. et de Sud ; avec les vents de S.E., il cesse de descendre et commence à monter.
Paul Cave - Patagonie. Détroit de Magellan et canaux latéraux. Cap Horn et Terre de Feu - 1879
Le trois-mâts barque Europa en Antarctique
Navigation au milieu des icebergs
Ajouter à mes favoris Recommander ce site par mail Haut de page
Cet article vous a plu, ou vous appréciez ce site : dites-le en cliquant ci-contre sur le bouton "Suivre la page" : |