Cartographie des vents
Aussi étonnant que cela puisse paraître, la marine à voila n’a disposé jusqu’au milieu du XIXème siècle d’aucune instruction concernant les vents et les courants pouvant faciliter la navigation. Les navires franchissaient les océans en appliquant des règles empiriques et en répétant tous les mêmes erreurs. Dans ces conditions, les traversées ne pouvaient pas être très rapides : six mois pour aller de New York en Californie, six mois pour se rendre d’Europe en Australie, c’est-à-dire beaucoup trop au regard des besoins de l’expansion coloniale et du développement industriel de l’Europe et de la Nouvelle-Angleterre.
Un lieutenant de la manne américaine, Matthew Maury, eut le sens de l’action opportune. Ayant obtenu de son gouvernement qu’on lui communiquât les observations météorologiques recueillies par chaque capitaine de navire américain, il put établir en 1848 une première carte générale des vents et des courants après avoir consigné, classé, confronté les renseignements ainsi réunis pendant dix ans. Son exemple ayant été suivi, les pilot charts devinrent de plus en plus précis et leurs indications permirent de diminuer considérablement la durée des traversées.
Matthew Maury
Maury alla plus loin. Constatant que dans l’hémisphère austral les vents dominants soufflaient de l’ouest, il recommanda de faire de la traversée jusqu’en Australie (et retour) un voyage de circumnavigation qui, sur les deux tiers du parcours, utiliserait les grandes brises du sud.
On s’aperçut vite que les navires qui s’y risquaient gagnaient un bon mois sur leurs concurrents. Le cap Horn devint dès lors un carrefour universel, emprunté par les bâtiments appartenant à toutes les flottes marchandes au long cours, quelle que fût leur destination : on allait aussi bien de Baltimore à San Francisco que de Londres à Sydney par le cap de Bonne-Espérance, le chemin du retour passant invariablement par le détroit de Drake.
La grande épopée des cap-horniers commençait.
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