L’épopée des cap-horniers
![Le cap-hornier 'Blanche' Le cap-hornier 'Blanche'](../images/common/le-cap-hornier-blanche.jpg)
Les premiers cap-horniers furent les clippers américains et anglais, puis français, comme ceux du Bordelais Antoine-Dominique Bordes, le plus grand armateur de voiliers du monde. Les navires à vapeur, qui les avaient supplantés sur la ligne de l’Atlantique Nord, ne pouvaient poursuivre leur route, faute de parvenir à s’approvisionner en combustible dans les immensités des mers du Sud.
Ces clippers (d’un mot d’argot signifiant : « chose excellente en son genre ») étaient les plus harmonieux bâtiments qui aient jamais navigué : longue étrave acérée, lignes d’eau s’effilant avec une incomparable douceur, toutes voiles dehors sur ses quatre mâts vertigineux, le Thermopyle, tout comme son alter ego le Cutty Sark. « filait sept nœuds alors qu’un matelot pouvait se promener sur le pont une bougie allumée à la main, si équilibré qu’un mousse le tenait facilement à la barre par tous les temps, si puissant qu’il gardait tout dessus jusqu’à plus de treize nœuds ».
Les prestigieux navires construits en bois furent remplacés vers 1890-1900 par toute une flotte de puissants voiliers à coque d’acier pouvant jauger jusqu’à 4 500 tonneaux. Dans les dix dernières années du XIX" siècle, cinq mille de ces bâtiments battant l’Union Jack, douze cents français, autant d’américains et de suédois, mille allemands et plus de deux mille norvégiens sillonnaient les mers du monde les plus ingrates et les plus lointaines, doublant régulièrement le Horn.
À l’aller, leurs cales étaient emplies de charbon, de minerai de fer, de ciment et, au retour, de guano, de cuivre et de nitrate du Chili, de laines de Nouvelle-Zélande et d’Australie, de riz, de céréales et de bois tropicaux. Ils restaient sans rivaux, notamment du point de vue économique : vers 1900, ils transportaient la tonne pour 80 francs alors que le vapeur demandait près de 200 francs pour la même charge.
Construits pour pouvoir profiter des plus forts coups de vent, les quatre-mâts et les cinq-mâts d’acier ne redoutaient pas la tempête. Le mauvais temps faisait leur affaire. Les paquets de mer pouvaient briser à bord et le vent bramer dans le gréement, ils continuaient, couverts d’écume, de s’ouvrir une route à travers des montagnes d’eau imposantes.
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