L’higoumène Daniel
Le pèlerinage russe vers la Terre sainte date de la conversion des Russes au christianisme, à la fin du Xe siècle. Dès 1022, saint Théodose de Kiev fait allusion à la présence de pèlerins russes en Terre sainte. Toutefois, la première relation qui nous est parvenue est celle de l’higoumène Daniel qui se rendit à Jérusalem en 1106. On ne connaît pas grand-chose de lui sinon qu’il était le prieur d’un monastère probablement situé en Petite-Russie, dans la province de Tchernigov.
Un voyage périlleux
Daniel commença son itinéraire à Constantinople, d’où il rejoignit Jaffa par la mer. Il arpenta ensuite la plus grande partie de la Palestine, visitant les sanctuaires, les Lieux saints et les monastères, accompagné des meilleurs guides et rédigeant un compte-rendu minutieux. Il y rencontra des compatriotes venus de Novgorod, de Kiev et de Kachine. Son retour fut mouvementé : parti de Beyrouth ou d’Antioche, il subit une attaque de pirates lors du cabotage qui le conduisit à Constantinople où il arriva finalement sain et sauf.
Dans son récit, paru sous le titre Le Pèlerinage de l’higoumène Daniel en Terre sainte, le moine insiste sur les dangers qui guettent le voyageur en ces premières années du royaume latin de Jérusalem. À Lydda, sur la route de Jaffa à Jérusalem, les pèlerins redoutent les raids des Sarrasins d’Ascalon ; des brigands infestent la route de Jérusalem à Jéricho ; il y en a tant dans les montagnes au sud-est de Bethléem que Daniel et ses compagnons doivent voyager sous la protection d’un chef sarrasin. Personne ne peut aller de Jérusalem au lac de Tibériade sans escorte armée. Les Sarrasins impies massacrent les chrétiens se rendant du mont Thabor à Nazareth et l’on ne peut visiter le Liban à cause des Infidèles. Le pèlerin qui atteint enfin le but tant espéré jouit donc pleinement de la vision qui s’offre à lui.
Jérusalem
La ville sainte de Jérusalem se situe dans des vallées arides, au milieu de hautes montagnes rocheuses. Ce n’est qu’en approchant de la ville que l’on voit, d’abord, la tour de David ; puis, en avançant un peu, le mont des Oliviers, le Saint des Saints, l’église de la Résurrection, dans laquelle est le Saint- Sépulcre ; et, finalement, la ville entière. À une distance d’une verste environ en face de Jérusalem se trouve une montagne assez plate. Chaque voyageur qui l’atteint descend de cheval et, traçant le signe de la croix, adore la Sainte Résurrection à la vue de la ville.
Tout chrétien est empli d’une joie immense à la vue de la ville sainte de Jérusalem ; et les croyants pleurent de joie. On ne peut que verser des larmes à la vue des lieux tant espérés où le Christ endura sa Passion pour la rémission de nos péchés ; et ainsi, empli d’une joie profonde, on continue à pied le voyage vers Jérusalem.
Près de la route, à gauche, il y a l’église du premier martyr, saint Étienne : c’est à cet endroit qu’il fut lapidé par les juifs ; on y montre également sa tombe. À cet endroit précis se trouve une montagne qui s’entrouvrit au moment de la Crucifixion. L’endroit s’appelle « la Géhenne », à un jet de pierre du mur de la ville. Ensuite, les pèlerins, tout joyeux, entrent dans la ville de Jérusalem en passant par la porte qui se trouve près de la maison de David : cette porte fait face à Bethléem et se nomme la porte de Benjamin. À l’entrée de la ville, il y a une route qui la traverse, qui conduit vers la droite au Saint des Saints, et vers la gauche à l’église de la Sainte Résurrection qui contient le Saint-Sépulcre.
Le Pèlerinage de l’higoumène Daniel
Traduction d’après la version anglaise de C.W. Wilson [1895]
que l’on peut consulter sur le site Travelling to Jerusalem
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