La première page
« Je glisse la clé de l’appartement dans la boîte aux lettres. Furtivement. Comme une lettre d’amour dans laquelle on a jeté toute son âme.
Dehors, rien n’a changé. Les Parisiens vont et viennent, pressés, comme tous les matins. Chacun dans son monde, aux dimensions que je trouve aujourd’hui bien étriquées. Il y a quelques semaines, j’étais encore l’un d’entre eux. Chaque jour plus écrasé par la pression des habitudes, des futilités ronronnantes et des manquements aux rêves inaccessibles.
Un jour, ça suffit, ce n’est plus tenable. Aujourd’hui, je pars.
Seul. À pied. Vers Jérusalem.
Pas de banderoles, pas d’amis pour un dernier au revoir : je ne voulais pas de cet enthousiasme trompeur qui cache mal les inquiétudes. D’ailleurs, peu de gens sont informés de mon départ : la famille très proche, quelques personnes au travail, une poignée d’amis. J’ai quitté chacun d’eux comme si je les revoyais bientôt. Sans cérémonie.
L’idée de ce voyage date de trois mois seulement. Deux mois d’hésitations durant lesquels je tournai et retournai l’idée saugrenue en tous sens : j’irai, je n’irai pas j’irai, je n’irai pas avant de me décider pour de bon. Puis, à peine un mois pour tout préparer… »
cf le livre Pèlerin d’Orient p. 13
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