Marco Polo
En 1271, Marco Polo partit avec son père Nicolo et son oncle Maffeo pour un voyage qui les conduisit jusqu’en Chine et dont ils ne revinrent que vingt ans plus tard. Lors de leur premier voyage, Nicolo et Maffeo avaient rencontré Koubilaï Khan, le souverain mongol qui leur avait réclamé une relique de Terre sainte. Les Vénitiens se rendent donc à Jérusalem pour se la procurer. Cette mission est évoquée dans Le Devisement du monde :
Légats du Grand Khan
Et quand le Grand Sire, c’est le seigneur de tous les seigneurs, qui avait nom Cublai Kaan, et était roi et seigneur de tous les Tartares du monde, et de toutes les provinces et royaumes et régions de la plus grande partie de l’Orient, qui est lui-même la plus grande partie de la Terre, eut entendu tous les faits et gestes des Latins comme les deux frères les lui avaient dits avec art et savoir, cela lui plut outre mesure. Et dans son coeur, il pensa et se dit à lui-même un jour qu’il les enverrait comme messagers à l’Apôtre [...].
Alors il appelle les frères et avec de douces paroles les pria d’aller en ambassade auprès du seigneur Pape avec un de ses barons. Ils lui répondirent sagement qu’ils étaient tout prêts et dispos à faire tout son commandement comme celui de leur propre suzerain. [...] Alors, il scella des chartes pour que ses princes vassaux pussent voir et honorer lesdits ambassadeurs. Après cela, le Grand Sire aussitôt fit faire ses lettres et privilèges en langue turque pour envoyer à l’Apôtre [...]. Et quand il eut fait ladite lettre, le Grand Sire, avec de pieuses paroles, charge les deux frères de lui rapporter un peu de l’huile de la lampe qui brûle devant le sépulcre de Dieu à Jérusalem. Pour laquelle il avait la plus grande dévotion, car il croyait le Christ au nombre des dieux saints et pour ce le tenait en très haute vénération. Et ils lui promirent de lui en rapporter un peu lorsqu’ils reviendraient vers lui.
Les deux frères retournèrent à Venise où ils attendirent en vain l’élection du successeur du pape Clément IV, mort en 1268. Deux ans plus tard, ils repartirent en Tartarie, via la Terre sainte.
Une relique de Terre sainte
Et quand les deux frères eurent tant attendu à Venise, comme vous avez ouï, et virent qu’un Apôtre n’était pas encore nommé, ils dirent qu’ils ne pouvaient demeurer trop pour retourner chez le Grand Kaan, redoutant qu’il ne s’émût de leur retard et pensât qu’ils ne reviendraient plus. Ils partirent donc de Venise, emmenant avec eux Marco, et ils s’en vont par mer tout droit à Acre, et y trouvent le légat, dont je vous ai parlé ci-dessus. Ils parlent beaucoup avec lui de ces choses et après bien des jours, ils lui demandent congé pour aller en Jérusalem pour avoir un peu de l’huile de la lampe du sépulcre du Christ, comme le Grand Kaan les en avait priés ? et il le désirait à cause de sa feue mère qui était chrétienne. Le légat leur donna congé. Alors les deux frères partirent d’Acre et vont à Jérusalem et obtiennent de l’huile de la lampe du sépulcre du Christ. En quittant le Sépulcre, ils s’en retournent chez le légat en Acre et lui dirent : "Sire, comme nous voyons qu’il n’y a pas d’Apôtre, nous voulons retourner vers le Grand Sire, parce que, contre notre gré, nous avons trop demeuré."
Marco Polo - Le Devisement du monde
Ed. La Découverte
Les voyages de Marco Polo et Ibn Battuta
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