Bertrandon de la Broquière
Au début du XVe siècle, Philippe le Bon, duc de Bourgogne, demande à l’un de ses vassaux, Bertrandon de la Broquière, d’effectuer "certain voyage secret auquel il l’envoie de présent, comme il appert par mandement de mondit seigneur." Il s’agit en fait de se rendre jusqu’en Terre sainte et de traverser l’Asie Mineure et la Syrie pour y recueillir des informations militaires en vue d’une éventuelle croisade. Après un voyage au trajet assez classique pour l’aller (il embarque à Venise pour Jaffa avec un groupe de pèlerins), Bertrandon effectue un retour beaucoup plus original et rare : il revient par la terre, traversant la Turquie jusqu’à Constantinople (qui tombera aux mains des Turcs vingt ans plus tard) et l’est de l’Europe avant de retrouver le duché de Bourgogne.
Un voyage aux arrière-pensées militaires
Moi, Bertrandon de la Broquière, natif du duché de Guyenne, seigneur de Vieil-Châtel, conseiller et écuyer tranchant de mon très redouté seigneur [Philippe de Bourgogne], ai fait mettre en écrit ce peu de voyage que j’ai fait ? afin que si quelque roi ou prince chrétien voulait entreprendre la conquête de Jérusalem et y mener grosse armée par terre, ou quelque noble homme y voulut aller ou revenir, qu’il pût savoir les villes, cités, régions, contrées, rivières, montagnes, passages et pays et les seigneurs qui les dominent, depuis Jérusalem jusqu’au duché de Bourgogne. Et comme le chemin à Jérusalem est si notoire que plusieurs le savent, je me passe légèrement de le décrire jusqu’au pays de Syrie par lequel j’ai été tout au long, depuis Gaza qui est à l’entrée de l’Égypte, jusqu’à une journée près d’Alep, qui est la dernière ville quand on va en Perse vers le nord.
Pour accomplir mon dit voyage afin de faire le saint pèlerinage de Jérusalem, je partis de la cour de mon très redouté seigneur, qui était alors dans sa ville de Gand, le mois de février, l’an 1432. Et après que j’eus passé la Picardie, la Champagne et la Bourgogne, j’entrai au pays de Savoie où je passai le Rhône, et par le mont du Chat, j’arrivai à Chambéry. Et quand j’eus passé un grand pays de montagnes, je vins au pied de la plus grande et la plus haute de toutes que l’on nomme le mont Cenis, qui est très périlleux à passer en temps de grandes neiges pour deux raisons, ainsi que le disent ceux du pays. L’une parce qu’il faut avoir de bons guides qu’ils appellent marrons, pour trouver le chemin qui est couvert afin qu’on ne se perde pas. L’autre raison, parce que donner de la voix étonne la montagne et fait choir en bas la neige en grande impétuosité, disent lesdits marrons. Et pour cette raison, ils nous défendirent de parler haut et de donner de la voix. Cette montagne partage les pays de France et d’Italie.
[Le voyageur traverse alors le Piémont, passe par Milan, Florence, Rome puis Venise où, se joignant à un groupe de pèlerins, il embarque le 8 mai 1432 sur une galère et entame le cabotage qui les conduira à Corfou, la Crète, Rhodes, Chypre et enfin Jaffa.]
Pèlerinages accoutumés en Terre sainte
Nous partîmes de Jaffa et allâmes à Rames, qui est une bonne ville marchande, sans murailles, et assise en un beau pays et plantureux de biens. Et de là, nous allâmes à un village où monseigneur saint Georges fut martyrisé. Puis nous retournâmes en ladite ville de Rames, et de là allâmes à la sainte cité de Jérusalem où Notre-Seigneur Jésus-Christ souffrit mort et passion pour nous, et vînmes en deux journées dudit Rames.
Et quand nous fûmes venus en ladite cité de Jérusalem et eûmes fait les pèlerinages que les pèlerins ont coutume de faire, nous nous allâmes à la montagne où Notre-Seigneur, jeûna la quarantaine, et de là au fleuve Jourdain où il fut baptisé ? et, en retournant, nous fîmes les pèlerinages accoutumés, à savoir d’une église de saint Jean qui est auprès dudit fleuve, et après de sainte Marie-Madeleine et de sainte Marthe, là où Notre-Seigneur ressuscita Lazare, puis nous retournâmes à Jérusalem d’où nous partîmes derechef pour aller à Bethléem où Notre-Seigneur naquit. [...]
Jérusalem a été une bonne et grande ville et semble-t-il meilleure qu’elle ne l’est à présent. Elle est assise en un fort pays de montagnes, et elle est dans la sujétion du sultan, ce qui est une grande pitié et confusion à tous les chrétiens. Car il n’y a que peu de chrétiens Francs, c’est-à-dire de Cordeliers [Franciscains]. Et il n’en demeure que deux dans ledit sépulcre où Notre-Seigneur reçut mort et passion. Lesdits Cordeliers sont en grande sujétion des Sarrasins. Car je l’ai vu en l’espace de deux mois, et pour cela, je peux le dire. Et dans l’église dudit Saint-Sépulcre, il y a aussi bien d’autres manières de chrétiens, comme les Abyssins, qui sont de la terre du prêtre Jean, les Jacobites, Herménins et chrétiens de la saincture. Et de tous ceux-ci, les Francs sont plus sujets que nul des autres. Tous ces pèlerinages ci-dessus faits et accomplis, nous nous appointâmes dix pèlerins pour faire le pèlerinage de Sainte-Catherine au mont Sinaï, ainsi qu’il est accoutumé.
Mises en garde contre les dangers du voyage terrestre
Je demeurai pour cause de maladie jusqu’au dix-neuvième jour d’août en l’église du mont Sion, où demeurent les frères Cordeliers. Étant au lit de ma maladie, alors que je commençais à revenir à la santé, je me souvins que j’avais ouï dire à quelqu’un que ce serait une chose impossible à un chrétien de revenir par terre jusqu’au royaume de France. Et à mon entendement, lequel je ne dis point qu’il soit sûr, il me semble qu’à un homme assez bien complexionné pour endurer la peine et de moyenne force, mais qui ait argent et santé, toutes choses lui sont possibles de faire ? et je prie Dieu que ce ne me soit tourné à outrecuidance. Donc, je me remis à l’aide de Notre-Seigneur et de sa glorieuse Mère, qui jamais ne faillit à nul qui de bon cœur s’adresse à elle, pour faire ledit chemin par terre depuis Jérusalem jusqu’au royaume de France, ou d’y rester. Et de ma volonté, je ne parlai à nulle créature jusqu’à Beyrouth où je le dis à messire Andrieu de Toulonjon, auquel auparavant je fis promettre qu’il ne me découvrait point d’une chose que j’avais la volonté de faire.
Et donc, je parlai à Nachardin, alors Grand Truchement du sultan à Jérusalem, et qui devait me donner un guide pour faire le voyage et le pèlerinage de Nazareth et du mont Tabor. Et quand il plut à Notre-Seigneur que je fusse prêt pour faire mon dit pèlerinage, ledit guide me faillit de convenant. Et il me dit qu’il ne trouverait nul qui osât faire ledit pèlerinage, à cause de la guerre qui était entre les gens de quelques villes qui sont sur le chemin, et qu’il n’ay avait pas longtemps qu’ils avaient tué un Vénitien et son guide. Et aussi le gardien du mont Sion ne voulut consentir que je fasse ledit pèlerinage, et m’en détourna.
Bertrandon persiste toutefois dans son idée et se rend à Beyrouth, puis Damas où il rencontre Jacques Cœur, le grand argentier de Charles VII. Dans cette ville, il se joint à une caravane à destination de Brousse [Bursa], qui était, jusqu’à l’époque de la prise d’Andrinople [Edirne], la capitale des princes ottomans. Un peu plus loin sur la route, on le met à nouveau en garde contre les dangers d’une traversée par la terre :
Ensuite, en la ville de Karaman, je trouvai un gentilhomme de Chypre que l’on nomme Lyachin Castrico, et un autre que l’on nomme Léonce Macheras qui parlaient assez bien français. Ils me demandèrent d’où j’étais et comment j’étais venu là. Je leur répondis que j’étais le serviteur de monseigneur le duc de Bourgogne et que je venais de Jérusalem et de Damas avec la caravane, de quoi ils furent bien émerveillés comment j’étais passé jusque-là. Ils me demandèrent où je voulais aller. Je leur dis que je m’en venais en France devers mon seigneur, par terre. Ils me dirent que c’était chose impossible, et que si j’avais mille vies, je les perdrais ainsi ? et que si je voulais retourner avec eux, il y avait là deux galères qui étaient venues quérir la sœur du roi qui était mariée au fils de monsieur de Savoie et, pour l’amour et honneur de mon seigneur de Bourgogne, ils savaient bien que le roi de Chypre me ferait volontiers ramener. Je leur répondis que puisque j’étais venu jusque-là, qu’avec l’aide de Dieu, je poursuivrais mon chemin ou j’y resterais.
Arrivée à Damas de la caravane de La Mecque
Le lendemain que je fus arrivé à Damas, j’y vis entrer la caravane qui venait de La Mecque. On disait qu’il y avait 3 000 chameaux et ils mirent près de deux jours et deux nuits à entrer à Damas ? ce fut une chose de grande solennité, selon leur fait. Car le seigneur et tous les notables de la ville allèrent au-devant à cause de leur Alcoran qu’ils portaient. Car ils portaient la loi que Mahomet leur a laissée sur un chameau vêtu d’un drap de soie, et ledit Alcoran était dessus et il était couvert d’un autre drap de soie peint et écrit de lettres morisques. Et ils avaient devant cette chose quatre ménétriers et moult grande foison de tambours et nacaires qui faisaient un grand bruit. Et il y avait devant ledit chameau et autour de lui bien trente hommes qui portaient, les uns des arbalètes, les autres des épées nues à la main et quelques petits canons dont ils tiraient plusieurs fois.
Et après ledit chameau venaient huit anciens hommes qui chevauchaient chacun chameau courant. Et après eux, ils faisaient mener leurs chevaux bien habillés de riches selles, selon le pays. Et après, venait une dame de Turquie, qui était parente du Grand Turc. Elle était assise dans une litière que portaient deux chameaux bien habillés et bien couverts et il y en avait couverts de draps d’or.
Pélerins en route pour la Mecque - Léon Belly – 1861
Dans cette caravane, il y a des gens Mores, Turcs, Barbares, Tartares et Persans, toutes gens tenant la secte et la loi de Mahomet qui ont tous une foi et créance que, puisqu’ils ont été une fois à La Mecque, ils tiennent qu’ils ne peuvent faire chose dont ils puissent être damnés, comme il me fut dit par un esclave renié qui était à cette grande dame et était vulgairement Abdallah, ce qui est autant à dire en turc comme en notre langage, servant de Dieu. Cet esclave me dit qu’il avait été trois fois à La Mecque ? je fus plusieurs journées avec lui et il me tenait souvent compagnie de jour et de nuit. Plusieurs fois, je lui demandai entre nous deux ce qu’il en était de Mahomet et où était son corps. Il me dit qu’il était à La Mecque en une chapelle toute ronde et il y a un grand pertuis dessus. Et quand quiconque monte dessus pour le voir en bas par fierté et qu’ils voient le lieu où est ledit Mahomet, ils se font crever les yeux, disant qu’ils ne peuvent ni ne veulent jamais voir plus digne chose. Et de ceux-ci, j’en vis deux ? l’un d’environ 18 ans et l’autre de 22 à 23 ans qui, durant ce voyage s’étaient fait crever les yeux.
Il me dit aussi qu’ils ne gagnent point les pardons à La Mecque, mais à une autre ville qui a pour nom Médine où saint Abraham fit faire une maison qui y est encore et vont autour de ladite maison qui est manière de cloître. Et il me dit qu’il fallait y avoir tous les ans 7 000 pèlerins. Et s’il y a quelque risque qu’il y soit en dessous, ils disent que le grand Dieu tout-puissant y envoie de ses anges pour accomplir le nombre afin qu’il n’en manque point. Et quand viendra le jour du Jugement, le bon Mahomet mettra autant de gens au paradis que bon lui semblera ? et ils auront des femmes, du lait et du miel autant qu’ils en voudront.
Préparatifs pour traverser la Turquie
Comme on m’avait trouvé appointement avec un More de Damas qu’il me conduirait avec ladite caravane jusqu’à Brousse pour trente ducats et à ses dépens, je fus averti que les Mores sont de fausses gens et ne tiennent pas ce qu’ils promettent. Je dis ceci pour avertir ceux qui en auront à faire, car je les pense tels. On m’adressa audit Abdallah, lequel m’adressa à quelques autres marchands du pays de Karman. Je priai donc mon hôte et Jean de Myne qu’ils me menassent parler audit Khodja Baraq qui était chef de ladite caravane et des plus grands de la cité de Brousse, et c’est ce qu’ils firent. Je lui remontrai comment je voulais aller à Brousse voir un frère que j’y avais et le priai qu’il me voulût prendre en sa compagnie et me faire conduire sûrement. Lequel leur demanda si je savais parler arabe, turc, hébreu vulgaire ou grec. Je lui dis que non. Il demanda alors ce que j’entendais faire. Il lui fut dit, qu’à condition que cela lui plût et qu’il fût content que j’allasse en sa compagnie, que je ferais le mieux que je pourrais car je n’osais aller par mer à cause des guerres qu’on y faisait. Il mit alors ses deux mains sur la tête et se prit par la barbe. Il dit en sa langue turque que je pourrais venir de façon sûre en compagnie de ses esclaves, mais il fallait que je fusse vêtu et habillé à leur façon.
Et incontinent, ledit Jean de Mine me mena en une place que l’on appelle bazar, où l’on vend des robes, des toques et autres besognes ? et j’y achetai ce qui m’était nécessaire touchant cela, à savoir deux robes blanches longues jusqu’aux pieds et la toque de toile assortie, une courroie de toile et une brayes de fustenne pour plier la robe dedans, un petit tapis pour coucher dessus, une besace pour pendre aux oreilles de mon cheval afin qu’il mange son orge et sa paille. Je fis faire aussi un paletot de panne blanche, lequel je fis couvrir de toile, ce qui me fut après très profitable de nuit.
Et puis j’allai acheter un tarquois tout blanc, très bien garni. J’achetai aussi une épée et des couteaux pour y pendre, à leur manière, une cuillère et une salière de cuir. Je dus acheter ladite épée et le tarquois garni secrètement, car si ceux qui ont l’administration de la justice l’eussent su, ceux qui me les avaient vendus et moi eussions été en danger. On dit que les épées de Damas sont les plus belles et les meilleures de Syrie. Il est étrange de voir comme ils les brunissent car, alors qu’elles sont trempées, ils ont un fer assis sur une pièce de bois dont ils enlèvent tout au long les rabotures, ainsi qu’on le ferait de bois à tout un rabot. Et après, ils leur donnent leur trempe et ils les polissent de telle manière qu’ils se mirent dedans quand ils veulent faire leur toque, et les font trancher mieux qu’aucune autre épée que j’aie vue. [...] Après, j’achetai un petit cheval que je trouvai très bon et le fis ferrer à Damas. [...] Après, j’achetai un tabolzan pour mettre à l’arçon de ma selle, ainsi que les gens de bien le portent, selon la coutume du pays. Et l’on me dit depuis que ce tabolzan sert quand ils sont en une bataille ou en escarmouche qu’ils s’enfuient, quelquefois pour se rassembler, et ils portent un petit bâton de cuir plat pour frapper dessus. Et il n’y a pas homme de bien à cheval qui n’en porte. J’achetai aussi des éperons et des bottes vermeilles jusqu’aux genoux, selon la coutume du pays.
Je donnais audit Khodja Baraq qu’il ne voulut prendre qu’après de grandes prières, et je trouvai depuis en lui grande franchise et loyauté, plus par aventure, que je n’eusse fait en beaucoup de chrétiens. Et ainsi que j’eus tout appointé mon fait, comme l’on dit, Notre-Seigneur qui, par sa grâce, m’aida à accomplir tout cela, m’envoya un Juif de Jaffa qui parlait bien le tartare et l’italien, et qui m’aida à mettre par écrit en turc et en italien toutes les choses qui pouvaient m’être nécessaire en chemin, à moi et à mon cheval. Et dès la première journée où je me trouvai en la compagnie devant Baalbek, je regardai en mon écrit comment on disait l’orge et la picquade pour mon cheval ? dix ou douze Turcs s’assemblèrent autour de moi, et se prirent à rire quand ils virent ma lettre et en furent aussi étonnés que nous sommes de la leur. Depuis ce moment-là, ils s’occupèrent tant de m’apprendre à parler qu’ils disaient tant de fois une chose et de tant de manières qu’il fallait que je la retinsse. Et quand je les quittai, je savais demander la plupart de toutes les choses qui m’étaient nécessaires, pour moi et pour mon cheval.
De Damas, Bertrandon poursuivit son chemin par Baalbek, Homs, Alep, Antioche, Alexandrette, Adana, Tarse, franchit les montagnes du Taurus par les Portes de Cilicie, et passa par Karaman, Konya, Küthaya et Brousse avant d’atteindre, Constantinople. Quittant cette ville au mois de janvier 1433, il traverse la Bulgarie Plovdiv, Sofia puis la Serbie, Nish, et Belgrade, le Kosovo, remonte vers la Hongrie Szeged, Budapest, Györ l’Autriche Vienne, Linz, le pays de Salzbourg l’Allemagne Souabe, région du lac de Constance puis Montbéliard et enfin le comté de Bourgogne "qui est à Monseigneur le duc de Bourgogne et de Brabant."
Le retour en Flandres
Je partis de La Villeneuve et m’en allai à Aussone et de là à Dijon. Et là, je trouvai Monseigneur le chancelier de Bourgogne avec qui j’allai devers mon seigneur le duc, que je trouvai en l’abbaye de Pothières et ses gens étaient au siège, et de sa grâce me fit très bonne chère devant lui en tel état que j’étais parti de Damas ? je lui menai mon cheval que j’avais acheté et lui donnai tous mes vêtements, de même que le Coran et les faits de Mahomet que le chapelain du consul des Vénitiens m’avait donnés par écrit en latin, qui contenait beaucoup d’écriture, et que mon seigneur donna à maître Jean Germain, docteur en théologie, pour le visiter, et je ne le vis plus jamais depuis. Ledit évêque Jean Germain a depuis été évêque de Châlons-sur-Saône et chancelier de la Toison.
Je me passe de parler plus longtemps de la situation du pays depuis Vienne jusqu’ici, car plusieurs savent bien ce qu’il en est et si je dis vrai ou non. Et au regard des autres pays dont j’ai parlé par avant et des passages que j’ai nommés ci-dessus, je prie les lecteurs qu’ils ne veuillent pas l’imputer à une vaine gloire, ni à l’orgueil, ni à la vantardise, mais je l’ai fait pour deux raisons, l’une si quelque noble homme y voulait aller, il pourra trouver ce chemin et trouvera si je dis la vérité, l’autre raison parce que mon très redouté seigneur Monseigneur le duc m’a commandé que je fasse mettre en écrit, selon un petit mémoire que j’en avais fait en un petit livret, quand j’avais eu loisir d’écrire. S’il n’est si bien dit que les autres le pourraient bien faire, je supplie qu’il me soit pardonné.
Ici finit le voyage de Bertrandon de la Broquière qui trépassa à Lille en Flandres le neuvième jour de mai de l’an 1459.
Bertrandon de la Broquière - Le voyage d’Outremer
Texte complet disponible sur le site de la BNF :
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