Missionnaires jésuites
Du XVIe au XVIIIe siècle, les jésuites déployèrent une intense activité missionnaire jusque dans contrées les plus reculées. Au Levant, ils s’attachèrent moins à tenter de convertir les musulmans qu’à s’efforcer de ramener les différentes confessions chrétiennes à l’orthodoxie romaine. Les missionnaires devaient fournir à leur supérieur un véritable rapport ethnographique sur les territoires qu’ils couvraient. Ces relations parurent sous le titre de Lettres édifiantes et curieuses. Destinées en principe à faire connaître aux dévots les progrès du christianisme hors d’Europe, elles répondaient surtout au goût du public pour les voyages et l’exotisme.
Lettrés et savants, les jésuites s’intéressaient aux sciences et aux arts, à la fois explorateurs, géographes, historiens, mathématiciens ou linguistes. Férus de philosophie comme de poésie, ils cherchaient aussi bien à connaître les pays et les civilisations qu’à partager les acquis de l’Occident.
Introduction
Ma vocation pour la Syrie avait fait naître dans mon cœur le même désir qu’eut saint Ignace après sa conversion, d’aller visiter les Saints Lieux. Je quittai la France avec joie, et je traversai la Méditerranée dans l’espérance de pouvoir bientôt offrir à Dieu mes vœux dans le temple de Jérusalem et au pied du Saint-Sépulcre de notre Sauveur. C’est pour acquitter ma parole que je vous présente la relation de mon voyage. Recevez-la, s’il vous plaît, mon révérend père, comme une marque de ma reconnaissance. Mais avant que de la commencer, je dois vous avertir que sa simplicité ne pourra être relevée que par la dignité et la sainteté des lieux dont j’ai à vous parler.
Lettre du Père Néret, missionnaire de la Compagnie de Jésus en Syrie au Père Fleuriau, de la même compagnie - 1713
Jérusalem
Ces saints monuments, que la Providence divine a pris soin de conserver, sont en effet les seuls objets qui méritent d’être vus dans Jérusalem. La ville n’est ni grande ni belle : on peut en faire aisément le tour en une heure. Elle renfermait autrefois en son enceinte le mont de Sion. Elle n’en contient présentement qu’une petite partie. Ses rues sont étroites, malpropres et mal pavées. Il y a toujours à monter et à descendre. Elle regarde l’orient en descendant.
La ville est sans trafic et, par conséquent, très pauvre : son principal revenu consiste dans le profit qu’elle fait avec les pèlerins. Les Grecs y ont plusieurs églises et couvents. Celui du patriarche est le plus beau. Son église est dédiée à Sainte Hélène et à Saint Constantin, canonisés par les Grecs. Les Arméniens, les Coptes, les Syriens ont aussi leur monastère avec église. Les Juifs y ont leur quartier et leur synagogue. Les mahométans y ont plusieurs mosquées : la plus belle et la plus révérée des Turcs est celle qui occupe la place où le Temple de Salomon était bâti.
Lettres des jésuites du Levant
Ed. Desjonquères
Cette page est adaptée d’un entretien avec les auteurs du livre Lettres des jésuites du Levant.
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