Kephas
Si les lieux de pèlerinage sont nombreux, sanctuaires perdus dans la campagne ou sites envahis par des flots de touristes et de curieux, plus rares sont les authentiques pèlerins, ceux qui, avec une âme de pauvre, quittent la grisaille du quotidien pour se laisser façonner au fil des jours par la marche, le silence, la poussière, la fatigue et trouver une réponse aux interrogations qui taraudent le c&oelig ur de l’homme.
Pèlerin d’Orient, c’est le titre d’un livre qui vient de paraître, sorte de carnet de bord d’un pèlerin atypique. Âgé de 36 ans, François-Xavier de Villemagne est parti de Paris un jour de mai jusqu’à Jérusalem à pied : 6 400 kilomètres. En vingt fois moins de pages d’un récit très coloré, l’auteur fait progressivement entrer dans son aventure pas ordinaire.
Le pèlerinage fait de milliers de pas, tous semblables mais différents un itinéraire qui est comme le résumé de la vie, avec l’aspect routinier de chaque jour mais aussi chaque jour une part d’insolite. Cette aventure qu’il faut apprendre à orienter, à conduire, à mener dans la durée peut en cacher une autre ! Lieu de découvertes, moments de joie, heures de doute, l’un et l’autre sont tout cela et se confondent parfois à tel point qu’il n’est pas toujours facile de dire où se trouve la vraie vie.
Pourquoi un jeune cadre de banque, diplômé de l’École des ponts et chaussées, en vient-il un beau matin à quitter la vie parisienne, pour se retrouver sur les routes d’Europe et d’Orient qui mènent à Jérusalem ? Son récit ne ressemble en rien à une quête initiatique version Paulo Coelho, mais, au-delà des descriptions et des petites histoires toujours plaisantes à lire, il introduit le lecteur dans une authentique quête de sens. Au hasard d’une rencontre, au détour d’une rue, dans les situations les plus banales surgissent tout à coup les questions essentielles sur le monde, sur soi, sur Dieu
De ce dialogue intérieur, que viennent nourrir les longues journées de marche, naît une plus grande familiarité avec Celui qui donne un sens à chaque pas. "Celui que vous cherchez n’est plus ici", mais la foi a tout de même besoin de signes, comme le Tombeau vide de Jérusalem pour laisser les yeux se dessiller et, le cœur tout brûlant, voir dans la lumière, le visage du Ressuscité.
Gérald de Servigny
Kephas N° 9 janvier-mars 2004
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